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La Petite Marchande de prose

Petite Marchande de proseRoman de Daniel Pennac (1989)

En résumé : Alors que sa sœur était sur le point de se marier, Benjamin Malaussène accepte une étrange proposition de sa directrice d’édition.

Mon avis : On oublie vite. Pas uniquement où on a rangé ses clés, ni ce qu’on a mangé la semaine dernière, mais on oublie vite certaines choses importantes, comme la magie qui entourait ce qu’on ne pouvait expliquer quand on était petit, ou les raisons pour lesquelles on a fait certains choix dans la vie. Moi j’avais oublié le plaisir que me procure un roman de Daniel Pennac. Comme beaucoup de ceux de ma génération (années 80), j’ai découvert cet auteur au collège, et même si je ne pigeais pas forcément toutes les subtilités de son écriture, je me rappelle vaguement m’être beaucoup amusé à la lecture de La fée carabine. Bien des années plus tard (à savoir récemment), j’ai décidé de retrouver Benjamin Malaussène et sa tribu de doux dingues dans un élan de nostalgie, ma petite brioche Pitch à moi (y a pas de raison que Proust ait le monopole de la pâtisserie à remonter dans le temps !).

Donc après avoir relu les deux premiers tomes de la saga Malaussène (Au bonheur des ogres et La fée carabine), et noté au passage mon amnésie inquiétante quant à leur contenu, j’ai découvert La Petite Marchande de prose, pour l’instant le meilleur épisode à mon avis. Pennac joue avec nos émotions comme c’est pas permis, nous plongeant dans une émotion intense entre deux fous rires, le tout en maintenant un suspense à nous bouffer les ongles jusqu’aux moignons ! De plus, je défie quiconque de ne pas succomber au charme des ses personnages, et en premier lieu Malaussène lui-même, un homme amoureux, tout simplement. De sa famille, de sa Julie, de la vie et des personnes. Un mec tellement normal qu’il en devient extraordinaire. Et puis il y a sa troupe de frères et sœurs, aussi barrée qu’adorable. Et puis il y a ses amis, de grands cœurs tendres cachés sous des carapaces forgées aux dures lois de Belleville. Et puis il y a tous les autres. Car Pennac a cela d’épatant qu’il ne laisse jamais un personnage sur la touche ; chaque figure devient le protagoniste de son propre monde.

Et comment évoquer cet écrivain sans mentionner le style Pennac, comme si Amélie Poulain rejoignait les Tontons flingueurs pour jouer avec la langue française comme d’autres maîtrisent les touches d’un piano survolté. On rit, on tremble, on a parfois une larmichette, mais avant tout on savoure, on jubile, on kiffe ! Alors à ceux qui veulent retrouver la saveur d’une bonne brioche Pitch de l’époque, et à tout ceux qui n’en ont jamais mangée, plongez-vous dans un Pennac. Et vous vous souviendrez pourquoi vous aimez lire.

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